Tout ce qu'il peut avoir de grand, ce Ballon-là, Gilles Perrin le connaît par coeur. Quand il s'y aventure, il n'a nul besoin de regarder sa montre ni de surveiller le kilométrage... il sait au caillou près où il se trouve, ce qu'il lui reste à faire, la quantité de sueur déjà déversée. Sa Montée n'était encore qu'une épreuve régionale qu'il y était déjà, sous la conduite de Jean-Paul Limon.  Ce n'est donc pas à lui qu'on apprendra la bonne manière de gérer ces 13,2 km assaisonnés d'un dénivelé riche de 1241 m. A l'arrivée, Thierry Lippi, pourtant grand maître cabri, s'en voulait de ne pas avoir calqué sa tactique sur celle du Haut-Rhinois. Parti avec une grande prudence, ce dernier avoue lui-même s'être offert une petite balade dans les deux premiers kilomètres.  A le voir passer aux alentours de la trentième place, on aurait pu le croire en perdition. Il n'en était rien, c'est là, au contraire, qu'il a commencé à remonter peu à peu, dépassant tout ce qui se fait de grimpant dans la région. Après un rapide coup d'oeil sur la plaine d'Alsace - « Quitte à perdre une place, j'en profite à chaque fois » -, il glisse vers la ligne d'arrivée au dixième rang, en 1h07'40.

 Thierry Lippi est 19e, Olivier Miclo 20e, Dominique Burrer 26e, Fabien Brunner 29e. A 38 ans, le longiligne Perrin se paye ainsi une de ses plus belles sorties sur le Grand-Ballon.  « Olivier - Miclo -grimpe mieux, mais il avait sans doute encore l'épreuve de Turckheim dans les jambes. Moi j'étais bien, tout frais. J'étais à l'aise tout au long de la montée, j'ai fini par doubler Olivier. »  Cette course, il en fait un objectif majeur, pour sa renommée et ses émotions. Qu'elle soit estampillée manche de Coupe du monde apporte un plus à sa performance. « Il y avait du beau monde et je suis dixième. Mes parents étaient là, j'ai senti un réel engouement, entendu des encouragements... pour un gars comme moi cela fait quelque chose. J'en ai presque les larmes aux yeux. »  Arrivé en 1h01'34, Emmanuel Meyssat, venu de Firminy, avait l'émotion du gars qui a dû attendre avant de doubler tout son monde. L'Anglais Steve Vernon avait choisi de se dégourdir les pattes aux avant-postes, le vice-champion de France a choisi de vivre sa course heureux et rester caché. A quatre bornes du sommet, il épate la concurrence et s'envole pour la gloire.  Julien Rancon, vainqueur l'an passé, termine quatrième, le Messin Georges Burrier, tout déçu à l'arrivée, est sixième.

 Côté dames, c'est une jeune demoiselle de 21 ans, venue de Suisse, qui s'impose en un chrono record. Après seulement 46'47 - contre 47'50 à la Belge Cinthia Lallemand en 2003 - Martina Strahl a déboulé sourire contenu et frêle silhouette.  La meilleure d'Alsace est arrivée le matin de Wissembourg. Christine Poyet adore gambader en montagne, elle s'y livrerait plus souvent si elle habitait plus près des Vosges.  « Quand je viens ici, c'est une promenade sportive - C'est elle qui le dit ! -, je visite en même temps que je cours. Le parcours est superbe. » La performance n'est pas mal non plus... elle est classée huitième.