«Félicitations, mon pote, t’étais costaud». Ils sont crottés, boueux et avancent ensemble dans le gymnase des Bruneaux, pieds nus, les godasses à la main. La course, la bagarre est terminée, et James Theury, beau joueur, félicite le vainqueur. Berioui a gagné comme on pouvait s’y attendre, mais que ce fut difficile et Theury, ce diable de petit bonhomme qui semble si fragile, a montré sur le parcours des Bruneaux qu’il comptait lui aussi parmi les grands d’Europe.

Et avec lui, Irba Lakhal qui fut champion d’Europe il y a 3 ans seulement et qui a dû dans le dernier tour laisser filer le duo infernal: Theury a glissé, lui a porté un coup en tentant de se rétablir, Irba s’est blessé et a terminé sur une jambe.

A l’arrivée en écrabouillant sa bouteille d’eau, il maudissait son mauvais sort tout en reconnaissant que c’était la faute à pas de chance.

Ces trois-là avaient joué les filles de l’air dès le second tour, creusant un écart impréssionnant « parce que derrière, ce ne sont pourtant pas des rigolos! » Laurent Fournel, qui s’est mis au repos ce jour-là, apprécie le travail. Car c’est vrai, expliquait Sylvain Richard, qu’il y avait à Firminy ce dimanche l’un des plus beaux plateaux dont on puisse rêver sur un cross régional: «Sur une cinquantaine au départ, il y en a au moins 20 d’excellents» estimait le conseiller de Berioui. Pas étonnant dès lors que cela parte si vite: Berioui donnait le rythme devant Lakhal et rapidement un groupe d’une dizaine se portait en tête; parmi eux les artistes d’Athlélèg, des Burundais et Talaouanou sous ses nouvelles couleurs lyonnaises, mais aussi Gueorgioui en «guest star» pas impressionné pour autant de cavaler avec le gratin de la spécialité.

Après tout, le champion du monde d’orientation en a vu d’autres.

La suite, c’est un peloton qui s’étire sous les coups de buttoir de Berioui, et une course qui a un petit parfum de revanche: Berioui est resté à quai pour les championnats d’Europe, Lakhal veut effacer sa non-sélection en lieu et place de Berioui et Theuri veut montrer qu’il est encore le patron.

Le Clermontois attaque dans chaque descente, Berioui réplique dans chaque montée, on croit un moment que Theury s’en va, même si les deux autres colmatent les brèches. Sursaut d’orgueil de Saïd qui prend 10 mètres d’avance, Lakhal a déjà craqué, Theury revient: il lui manquera tout de même trois mètres à l’arrivée.

Philippe Décot