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Publié le 03/12/2011 à 06:00
Parti en
short malgré la neige et dans le froid polaire, Emmanuel Meyssat pointait en
tête de l’édition 2010 lorsqu’il a été contraint d’abandonner, les quadriceps
tétanisés par des contractures. Le coureur, installé à Larajasse sur le
parcours de la SaintéLyon, revient cette année l’esprit revanchard.
Paco ne tient pas en place. Le petit
chien de chasse a vite compris en voyant son maître en tenue de coureur. « Lui,
il peut courir quatre heures sans tirer la langue. Il est increvable », dit
Emmanuel Meyssat. À J-7 avant la SaintéLyon, le trailer a prévu « deux heures
de footing tranquille à moins de 140 pulsations cardiaques par minute ».
Avant de partir, il ouvre la porte-fenêtre sur sa terrasse. Ce matin-là, le
brouillard inonde la vallée. Mais depuis sa fermette de Larajasse, les Monts du
Lyonnais se donnent à voir à 180° sous un soleil radieux. Droit devant, c’est
Sainte-Catherine, haut lieu de la SaintéLyon. Pas besoin de pousser la foulée
sur des kilomètres pour rejoindre le parcours. La SaintéLyon passe dans son
jardin, son terrain de jeu, où chaque soir, de retour du travail (il est
professeur d’auto-école à Vaugneray), il s’entraîne à la lampe frontale.
Autant dire qu’il y a un an, il n’a pas été pris en traître par la neige et le
froid. « À 20 heures, lorsque je suis parti de chez moi pour aller au départ,
il faisait déjà -13 °C à Larajasse », se souvient-il. Qu’importe, il partira
quand même en short : « Je crains plus la chaleur que le froid, explique-t-il.
Mon équipier Emmanuel Gault était habillé exactement comme moi et il a été au
bout (2 e)… Mais voilà, des conditions à -15 °C, c’est quelque chose que je ne
connaissais pas. »
Il va rapidement s’en mordre les doigts. Il s’est déjà isolé en tête de course
lorsqu’il parvient dans les parages du point culminant de la SaintéLyon entre
Saint-Christo et Sainte-Catherine où les premières douleurs se manifestent. «
On ne courait que depuis 1h15 quand j’ai ressenti une première contracture au
quadriceps. Deux minutes plus tard, je commence à avoir mal à l’autre
quadriceps ! J’ai insisté parce que je ne voulais pas lâcher l’affaire. »
Il serre les dents. Il est toujours seul en tête avec plus de cinq minutes
d’avance. Mais avancer devient bientôt impossible. Il s’arrête à Chaponost à 18
km de but. « La douleur était insupportable. Il restait trop de kilomètres sur
le bitume. J’endurais depuis si longtemps… »
Il regarde passer Denis Morel filant vers la victoire avant de s’éclipser la
mort dans l’âme et ses « cuisses de grive » (son surnom) raides comme des
piquets : « Je suis rentré chez moi comme un légume. Je n’arrivais pas à monter
dans la voiture. Ma copine a dû m’enlever mes chaussures. Je suis parti me
coucher aussitôt en me disant que le lendemain, je serais incapable d’aller
travailler. »
Au contraire, il se réveille frais et dispo, les contractures envolées. « C’est
là que j’ai compris que j’ai été victime du froid. Je cours depuis 1994. Des
courses, j’en ai finies beaucoup dans de sales états. Mais je n’avais jamais
abandonné une seule fois. C’est la preuve qu’on apprend toujours. Cela reste ma
plus grosse déception de sportif. Trois mois de préparation pour ce résultat.
C’est vraiment frustrant. »
Voilà un an maintenant qu’il rumine sa déception. Il n’est pas passé loin de
devoir attendre un an de plus avant de pouvoir prendre sa revanche par la faute
d’une inflammation de l’aponévrose plantaire longue à soigner. Privé de course
à pied tout l’été, il a compensé avec un entraînement à vélo (3 000 km en deux
mois et demi) avant de pouvoir lancer sa préparation en octobre.
Un mois de travail, même intensif, c’est théoriquement un peu court. Mais sa
victoire au Sparnatrail à Épernay (dernière manche du Trail tour national)
mi-novembre l’a rassuré. « Le vélo m’a permis de revenir très vite. Si
finalement, je me suis engagé, c’est que je me sens prêt. Il ne faut pas se
voiler la face : si je m’aligne, c’est pour gagner.
C’est The retour (sic) ! Je vais
essayer de finir ce que j’ai commencé l’an passé. »
Benjamin Steen
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